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Congrès de la FUBicy à Strasbourg

23 au 25 avril 2010

lundi 26 avril 2010

Retour de Strasbourg

Les 23 et 24 avril se tenaient la journée d’étude et l’assemblée générale de la Fédération des usagers de la bicyclette (Fubicy). Philippe Delrue et Laurent Plancke, membres du conseil d’administration, ainsi que Michel Anceau, Sabine Geneste et Sébastien Torro-Tokodi, permanents, composaient la délégation de l’ADAV.

Une ville très séduisante

On a beau le savoir par avance, Strasbourg est une ville au charme certain, par son patrimoine, son aménagement et sa propreté. Même le soleil, radieux pendant trois jours, s’était mis de la partie pour nous donner de Strasbourg une image réjouissante.

congrès FUBicy 2010

Ceux qui l’ont déjà visité le savent : le centre-ville est presque entièrement dédié aux modes doux de transport ; l’ambiance y est ainsi extrêmement paisible, les voitures étant largement absentes de la partie de la ville comprise à l’intérieur de la rivière, autour de la cathédrale. Piétons et cyclistes y sont par contre très nombreux et cohabitent sans tensions apparentes, alors que circulent également les tramways. On se plaît à rêver aux centres de nos villes qui seraient également rendus aux piétons et cyclistes : je pense par exemple aux grand’places de Lille, Roubaix et Tourcoing, mais aussi au Vieux-Lille où la circulation automobile est un non sens.

Les voies cyclables sont nombreuses, parfois sinueuses et fort empruntées ; on reconnaît aisément les Strasbourgeois qui s’en tiennent à l’écart, et les touristes, ignorant souvent cet espace dédié faut d’en avoir l’habitude.
Au total ce sont 500 kilomètres d’itinéraires cyclables – excusez du peu ! – qui ont été créés dans la communauté urbaine, ainsi que des aménagements, comme le garage souterrain sous la gare, ou celui construit par la Communauté urbaine pour ses employés : 600 places, accès par badge, station de gonflage et consigne, le tout d’une grande qualité de conception et paysagé (il faut cependant faire remarquer le système malaisé du second niveau de stationnement, nécessitant une certaine force musculaire).

strasbourg – parking à vélos

C’est la quiétude que la ville dégage qui marque celui qui la découvre et qui fait prendre conscience, par opposition, du caractère stressant de la circulation motorisée (bruit de fond, tapage de certains deux-roues à moteur, vigilance de tous les instants à avoir, agacement quand les voitures occupent les espaces dédiés aux cyclistes ou aux piétons…)

Alain Jund adjoint au maire de Strasbourg en charge de l’urbanisme nous disait, au cours de son intervention, que s’il était conscient de l’avance de sa ville par rapport aux autres en France, qu’il n’en était rien par rapport à plusieurs villes allemandes, dont celle de Fribourg-en-Brigsau, dont le modèle bénéficie d’une telle notoriété que la ville a dû créer un service spécifique pour en faire la présentation, l’association Innovation Academy.

L’économie du vélo

La journée d’étude avait pour thème Le vélo, un moteur économique et a donné lieu à la présentation par Nicolas Mercat, chef de projet à Altermodal-Inddigo, d’une étude sur l’économie du vélo en France.

Le secteur du vélo représenterait 4,5 milliards d’euros et emploierait 35 000 personnes (fabrication, réparation, vente, location …)

Chaque Français ne parcourt pourtant que 80 kilomètres en vélo par an, ce qui le place dans le peloton de queue européen, derrière la moyenne (Allemagne, Suisse, Autriche… sont à 300 km) et très loin des échappés danois (environ 900 km) et néerlandais (plus de 1000 km).

L’étude estime à 500 millions d’euros le montant annuel consacré aux aménagements cyclables par les collectivités locales durant la dernière décennie, contre moins de 10 par l’État. Les retombées fiscales pour ce dernier sont importantes : 564 M€ de TVA, 56M€ en impôts sur les sociétés et 88M€ de taxes professionnelles ; ces sommes constituent « un excellent rendement fiscal pour l’État ».

Les auteurs de l’étude raisonnent également en termes d’intensité en emploi : avec plus de neuf emplois par million d’euros, contre moins de trois dans l’industrie automobile, les activités générées par le vélo ont donc une forte intensité en emploi.

Par ailleurs, des aménagements et offres de vélo dans les lieux touristiques contribuent à améliorer leur attractivité, notamment dans les stations littorales. L’étude montre que les touristes à vélo dépensent d’avantage que les autres, qu’ils soient en séjour fixe (+15%) ou itinérants (+50%).

Nicolas Mercat a particulièrement insisté sur les gains dans le domaine de la santé (évitement des dépenses dans ce domaine, allongement de la durée de vie…) en s’appuyant sur les résultats d’une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La pratique régulière du vélo réduit significativement les maladies cardio-vasculaires, l’obésité, le diabète de type II, certains cancers et d’autres pathologies. Le bénéfice santé d’ores et déjà atteint est de 5,6Md € par an ; il pourrait être de 15Md € si la France rejoignait le peloton de tête des pays européens, soit la quasi-totalité du déficit de l’Assurance-maladie.

Enfin, la pratique cycliste (touristique, de loisirs, et surtout urbaine) contribue à l’amélioration de l’environnement.

Si certains des aspects de l’étude étaient déjà connus, leur chiffrage précis permet de gagner en crédibilité dans les débats sur la promotion des aménagements et de la pratique cycliste ; environnement, emploi, santé, sont des thèmes particulièrement porteurs, qui sont autant d’arguments à mobiliser dans nos discussions avec les élus, les techniciens et la population. Le vélo n’est pas une lubie de quelques illuminés ; il contribue au contraire à la qualité de vie et au développement économique.

Laurent Plancke – 25 avril 2010

Télécharger l’étude de Nicolas Mercat L’économie du vélo en France.

L’économie du vélo en France